Un concert Chapelle Saint Bernard

Un concert à la Chapelle Saint-Bernard (Paris-Montparnasse) 24 février 2013

Il y a trois semaines, j’ai eu l’opportunité d’organiser un concert de musique spirituelle sur des chants et mélodies de Sri Chimoy avec le groupe Ishwara * dont je suis un membre fondateur à la chapelle Saint-Bernard à Montparnasse (Paris). Le concert a duré 1h15 sans interruption devant un public de 50 à 60 personnes, ce qui est honorable pour une petite formation à Paris du fait que notre seule publicité fut l’affichage (2000 posters) dans les rues de Paris et quelques magasins.

Ces concerts auquels je participe sont toujours pour moi une expérience très forte tant émotionnellement que spirituellement. Le fait de jouer devant un public et de communiquer avec lui intensifie ma sensibilité et ma réceptivité envers la beauté et la profondeur de ces chants. Une fois le trac du début passé, grâce à cette connivence intime avec mon partenaire musicien, et malgré la forte concentration qu’exige l’instrument, il se crée une forme de climat propice à l’élévation de la conscience, à un sentiment d’union avec le sacré. Je vois dans le public des personnes au  corps immobile dont l’esprit semble absorbé par la méditation. Leur regard, bien que dirigé vers la scène, est comme tourné vers l’intérieur. Une paix lisse leur visage, abaissant à demi leurs paupières, leur souffle devenant à peine visible. Nous demandons de ne pas applaudir entre les chants. Chaque morceau est comme une ponctuation dans ce long silence presque irrél. Parfois une note soutenue que je joue à la flûte m’appelle et je la “vois” toucher une inaccessible hauteur, comme une étoile dans le ciel, comme si elle avait traversé le champ de ma conscience ordinaire pour me hisser par miracle jusqu’à cet Au-delà invisible, me rappelant ainsi à sa présence. Parfois l’émotion me gagne et je dois la retenir au fond de ma gorge de peur de devoir m’interrompre.

La fin du concert me surprend toujours comme si le temps s’arrêtait. Je flotte, la joie m’envahit comme la vague d’une mer tropicale. Tout est accompli. L’atmosphère est légère telle une fine pluie après la tension d’un orage. Les gens applaudissent avec leur coeur et certains viennent nous remercier. Deux dames sont venues me voir ce soir-là pour m’adresser leur gratitude avec un sourire. Elles étaient accompagnées d’un petit chien qui ressemblait à une peluche. J’étais surpris qu’il ait assisté à tout le concert sans se manifester. Elles m’ont assuré qu’il n’avait pas bougé, mais qu’il avait parfois dressé ses oreilles lors de certaines notes. Dans ma tête je pensais en plaisantant avec moi-même qu’il avait peut-être reconnu quelques fausses notes. Ou bien avait-il perçu cette note sublime qui avait touché le ciel?

Sri Chinmoy lui-même était musicien. Autodidacte, il jouait d’une douzaine d’instruments , seul sur scène  au cours des centaines de concerts (plus de 800 au total) qu’il a toujours offerts gratuitement devant des publics du monde entier. Ses instruments privilégiés étaient l’esraj, instrument à cordes indien qui se joue avec un archet, la flûte traversière et le piano qu’il jouait de manière spectaculaire créant une véritable avalanche cosmique de notes. Il commençait et finissait toujours ses concerts par une méditation  silencieuse, seul ,debout, face au public, avec les mains jointes, faisant descendre la Compassion divine sur une audience immobile, complètement saisie par  la paisible et fascinante autorité de ce petit homme en dhoti de soie colorée et soquettes blanches immaculées!

Pour Sri Chinmoy, la musique est un langage universel. La musique spirituelle vient juste après la méditation pour éléver la conscience vers les plus hauts confins de l’âme. Il nous a laissé un extraordinaire leg de plus de 21 000 chants, dont 16 000 en Bengali sa langue natale, dans lesquels sont dépeints de manière poétique toutes les espérances, les vissicitudes et les expériences sublimes du chercheur spirituel sur le chemin de la réalisation de soi. Par la parfaite maîtrise de sa vision des mondes subtils de l’Au-delà mais aussi par sa connaissance de tous les rouages  de la psyché humaine et de sa transformation spirituelle, il a constitué par ce répertoire inégalé un véritable trésor pour l’humanité future.

Poème de Sri Chinmoy (traduction française)

Je chante, je souris

Je chante parce que Tu chantes,
Je souris parce que Tu souris.
Parce que Tu joues de la flûte,
Je suis devenu Ta flûte.
Tu joues au plus profond de mon Coeur ;
Tu m’appartiens, je T'appartiens :
Telle est mon unique identité.
En une même Forme Tu es ma Mère et mon Père éternels,
Et la lune de la Conscience,
Le soleil de la Conscience,
Pénétrant toute chose.

 

*J’ai fondé le groupe Ishwara il y a une quinzaine d’années avec plusieurs  amis disciples comme moi de Sri Chinmoy, qui depuis ont suivi pour la plupart d’autres chemins. Nous sommes désormais 2 garçons à Paris qui formons un duo très soudé, moi-même à la flûte traversière et mon partenaire au clavier, rejoins de temps en temps par un jeune et merveilleux guitariste marseillais, Pierre. Prabala au clavier a une imagination très créative et enrichit nos arrangements sur les chants de Sri chinmoy.  Ishwara est la déité du panthéon hindou qui préside au chakra du Coeur spirituel, anahata.